GURL ! You’re sweet like Guadeloupe …

GUUUUUUUUUUUUUUURL U MADE IT !!!!!

La vie a fait de moi une aventurière sans que je ne le veuille vraiment.

Je n’ai pas eu d’autres choix que de faire face à certaines épreuves et d’accomplir certaines réussites à partir de la force de mes deux bras et de mon courage.

Je n’arrive pas à me décrire comme une personne qui a confiance en elle.

Malgré tous les commentaires que l’on peut me faire dans ce sens du fait que je dégagerai de l’assurance, je suis la parfaite incarnation du “second guessing person”; je prends du temps à prendre des décisions, j’ai une peur effroyable de me tromper ou d’échouer, ce qui a pour conséquence que je ne me lance que rarement ou les “risques” que je prends sont mesurés.

J’abandonne ou reporte certaines actions en raison de mes peurs et parce que je ne me sens pas capable de les accomplir.

Il reste une chose que je dois achever (dont je ne parlerai pas maintenant) et que je repousse depuis de nombreuses années et je m’étais promis de m’en occuper cette année… je sais que je dois le faire. Plus l’année touche à sa fin, plus je suis prise de panique parce que je me rends compte que je ne vais certainement pas pouvoir tenir la promesse que je me suis faite.

Contre toute attente, et alors que le projet de partir en Guadeloupe semblait devoir de nouveau m’échapper cette année, j’ai réalisé un de mes plus grands rêves cet été.

Je me suis rendue en Guadeloupe…

Je n’y avais jamais été MAIS j’ai toujours su y appartenir.

Mes familles maternelles et paternelles sont de Guadeloupe.

La natalité et les origines ne sont pas les seules raisons qui m’ont toujours laissée présager que j’appartenais à ce territoire.

Ma négritude a fortement contribué à ce que, même si je suis née en France hexagonale, que l’on me renvoie à cette autre ailleurs d’où je semble, sans nul doute, être rattachée.

Avec force, j’ai nourri la certitude que je faisais partie de cette île, de cette terre lointaine depuis le premier jour où je suis née … cette émotion a perduré jusqu’à ma date d’arrivée en Guadeloupe.

J’avais fantasmé la Guadeloupe d’abord par ce j’en savais par mes parents, le créole que j’ai toujours entendu, les saveurs, les odeurs, les traditions, les coutumes.

Je me souviens avoir toujours cherché les personnes avec qui je partageais cette origine partout où je suis allée.

Mon premier petit copain et le père de mon premier enfant sont originaires de Guadeloupe et je pense, avec la réflexion, que cela a été une manière pour moi de me rapprocher de cette identité dont j’étais assoiffée.

Je vivais la Guadeloupe à travers les autres, à travers leurs existences et leurs récits et cela a été une manière par laquelle je me suis appropriée ce territoire.

Mais … je ne connaissais pas pour autant la Guadeloupe.

J’ai beaucoup rêvé de ce voyage … je ne me souviens pas exactement de toute la teneur de mes rêves … mais ce que je sais c’est depuis mon retour, cette expérience de voyage est l’une des meilleures expériences de ma vie.

Avec la naïveté des personnes qui découvrent de nouvelles expériences … les fantasmes se font plus grands encore !

Pourtant … je partais de loin … entre assimilation, exil, deuils, secrets de famille et totale déconnexion avec une partie de ma famille, le lien avec la Guadeloupe a été éprouvé.

J’ai mis du temps à me dire que je pouvais m’y rendre.

Le contexte familial a contribué à construire un imaginaire craintif envers cette destination.

Des peurs aussi… de la méfiance également ! Ainsi que les discours que j’entendais ici ou là rapportant qu’on y trouve rien, que la vie y est difficile, que les personnes qui y vivent ne sont pas accueillant.e.s, que c’est dangereux et encore plus quand on est une femme seule …

De ce fait, je ne m’imaginais pas y partir seule … tous les voyants clignotaient en ROUGE et me disaient NON AUDREY TU NE PEUX PAS Y ALLER.

Alors j’ai attendu … attendu … attendu que les meilleures conditions soient réunies … mais jamais (lool) bien entendu ce n’était le bon moment !

Soit je n’avais pas l’argent.

Soit je ne pouvais pas partir aussi longtemps.

Soit je devais m’organiser en amont.

Puis … il y a eu la pandémie qui a mis un coup d’arrêt à mes projets et ce n’est que deux années plus tard que je me suis dit que quoi qu'il arrive : J’Y VAIS !

Je sentais que cela devenait viscéral.

Cela devenait urgent pour mon histoire personnelle que j’y aille l’année de mes 40 ans.

Si je n’y allais pas maintenant … QUAND ?

Je crois que j’ai toujours envié les personnes qui savaient où résident leurs origines… je m’en suis voulue d’avoir pris autant de temps pour le réaliser. Cela peut être important ou non d’ailleurs et peu importe ce que l’on y cherche … c’est la réponse pour soi qui compte.

Ce que je sais c’est que je ressentais de la gêne à me dire guadeloupéenne et de n’y être jamais allée. Et quand il arrivait que j’en parle, cela partait souvent dans des explications que j’étais lassée d’exposer.

C’était comme une épine à mon pied dont je n’arrivais pas à me défaire. Je ne me sentais pas complète. Je me sentais comme une imposture … je ne me sentais pas VRAIE dans mon identité !

Aussi… je sentais que mon enthousiasme pour la Guadeloupe pouvait être mal perçu venant de moi, une personne, qui même si j’en suis originaire, ignorait toutes les réalités.

Pourtant … je pensais les connaitre ces réalités m’étant toujours intéressée à la situation de ces territoires… j’ai écouté le récit des personnes qui y vivent à.

Je me suis documentée … j’ai nourri cette proximité à la manière dont on prend soin des choses pour lesquelles on se sent attaché.e.

Puis, ces réalités caribéennes je les vivais … ma grand-mère potomitan, les paternités multiples, les secrets de famille, les traumas intergénérationnels, l’exil. .. la venue en France, le déracinement, la distance avec l’île qui à mesure que les années passent s’agrandit … je les connaissais … je les vivais malgré moi … tout cela a fait partie de moi et m’a façonnée.

Les mensonges … l’effacement de l’histoire de ces territoires et l’adversité avec laquelle iels tentent malgré tout d’être des peuples souverains mais étouffés par une politique hexagonale qui ne tient pas ou peu compte des contextes territoriaux et humains.

Au fil des années …malgré ce contexte mon Amour pour cette île n’a fait que croître.

Ce qui me fait sourire aujourd’hui, c’est cet attachement que j’ai toujours cultivé … plus jeune j’avais des boucles d’oreilles 971, ma première adresse e-mail s’intitulait sobrement nubianprincess971 !

Malgré tout la GUADELOUPE restait dans mon esprit.

Pour préparer ce voyage, je me suis rapprochée de personnes qui m’ont encouragée de le faire même seule.

Mon dernier vol long courrier datait déjà de quelques années et j’appréhendais qu’avec l’émotion je perde mes moyens.

Je me connais quand je panique les choses les plus basiques m’échappent.

La dernière fois où cela m’était arrivé (de perdre mes moyens au propre comme au figuré), j’avais bloqué ma carte bancaire après trois codes erronés à mon arrivée en Italie (y a mieux pour commencer un voyage) !

Cette fois-ci, j’avais pris les devants … j’avais anticipé toutes les étapes de mon arrivée et absolument tout s’est bien passé !

Je suis arrivée en Guadeloupe un samedi soir.

J’ai pu suivre toutes les étapes de l’atterrissage à travers le hublot de l’avion. Le premier contact quand l’avion touche le tarmac. La nuit était déjà tombée. Malgré l’obscurité, j’ai aperçu les contours de l’île. J’en ai imaginé les rondeurs, les plaines, les mornes, les routes etc …

A peine sortie de l’avion, j’ai été enveloppée par l’humidité et la chaleur.

Ce que j’ai ressenti à cet instant était comme une étreinte où la tiédeur des corps irradie et procure un sentiment de sécurité.

Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Je me suis sentie entourée. Immédiatement conquise par l’atmosphère qui me happait et qui ne voulait pas que je lui échappe.

Je me suis laissée faire.

Aussi, en préparant mon voyage alors que je pensais ne pas aimer la nature et en avoir peur, j’ai voulu loger en pleine campagne. La location que j’ai choisie remplissait ce critère.

Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu réaliser l’ABSOLUE BEAUTE des lieux où je me trouvais.

La nuit a été courte entre le jetlag et l’excitation de découvrir, j’ai peu dormi.

Au petit matin … réveillée par le chant des coqs, j’ai découvert l’horizon, l’espace, le vert, la végétation, le bleu et cela a été une sensation vive de bonheur.

Je suis en train de l’écrire et les émotions sont toujours aussi intenses et présentes comme si je les vivais encore.

Le premier matin a été un moment indescriptible. Du même niveau lorsque l’on se sent accompli.e, heureux.se et serein.e… je me sentais ancrée.

Je ne me sentais pas étrangère. Les odeurs pourtant nouvelles étaient comme familières. Les paysages pourtant inconnus avaient trouvé une correspondance à mes yeux. Mes pas trouvaient de façon naturelle où ils devaient me mener.

Très vite… il n’a fait nul doute que j’étais chez moi … j’étais enfin à la maison après toutes ces années à l’espérer, à le rêver, à l’envier, à le fantasmer et à le vouloir si fort.

Depuis … j’ai l’impression qu’une partie de moi s’est apaisée et a trouvé le repos…

Rien n’est parfait … tout reste perfectible … je reste encore triste parce que même si ce voyage a été très instructif, je l’avais espérer autrement … je reste profondément heureuse d’avoir pu me rendre en Guadeloupe selon, finalement, mes propres exigences et envies.

J’y connaissais mes attaches … il m’a été offert l’hospitalité. J’ai été accueillie avec chaleur. Je me suis laissée porter par le rythme de vie qui règne là-bas … (les premiers jours ont quand même demandé des ajustements)… J’ai fait la fête... J’ai découvert les Saintes …

Cela restera gravé à jamais dans mon cœur la manière dont je me suis sentie faire part de cette Terre. La musique … les paysages … la population … cela a été vivifiant !

A aucun moment, je ne me suis sentie repoussée. J’ai adoré tous les lieux où je me suis rendue. D’une nature plutôt timide et réservée, je suis allée à la rencontre des personnes… je ne voulais pas me sentir distancée … je voulais m’enraciner et ne rien manquer !

Je me suis rendue sur les lieux symboliques de mon histoire familiale … j’ai parcouru Pointe-à-Pitre et j’ai cherché l’endroit où ma grand-mère a vécu à son arrivée en Guadeloupe (elle était originaire de la Dominique) et les quelques années qui ont précédé son arrivée en France… J’ai visité le cimetière où mon arrière grand-mère est enterrée.

Cela a été un voyage complet en accomplissement personnel et un parcours de guérison.

La GUADELOUPE est pour moi est une Terre de promesses.

La GUADELOUPE je la vois comme mon chez moi, comme un refuge que je veux investir débarrassée de l’appréhension de ne pas la connaître.

Je veux TOUT apprendre de la GUADELOUPE !

Pendant mon voyage … je me suis projetée … j’ai imaginé … dans un futur plus ou moins proche et je sais que j’y retournerai !

Je me sens hooked et c’est un sentiment qui me remplit et que j’aime ressentir.

Comme un appel auquel je dois répondre … une énergie qui prend possession de tout mon être et qui me laisse peu d’espace de faire autrement.

Je n’aime pas que les choses ou les personnes me manquent.

La Guadeloupe m’a toujours manquée… et je veux être avec et auprès d’elle …

Je n’ai pas d’explication précise à ce que je ressens … c’est là … je ne me débats pas … c’est ce que je veux.

Autant, je suis une personne pondérée et qui mesure tout ce je fais. Autant, je reste une passionnée et ce trait de caractère se manifeste souvent de la manière suivante : je fonce et je m’investis tant que ce dans quoi je m’engage à du sens pour moi.

Je suis repartie boostée par ce voyage.

Les images que j’y ai vues.

L’énergie ressentie.

L’humidité.

L’eau.

La nature.

La population dont je suis tombée amoureuse à chaque rencontre… MY PEOPLE.

C’est tellement ressourçant de se reconnaitre à travers d’autres.

C’est une quête qui a pris fin … des réponses à des questionnements… et cette certitude qui m’animait depuis si longtemps.

C’est là d’où je viens.

C’est là où je veux appartenir.

C’est là où je veux aller.

C’est là où je veux rester.


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