Ecart de plaisir … On veut l’égalité PARTOUT!

Plusieurs professionnel.l.es de santé sexuelle (sexologues, sages-femmes, sexothérapeutes etc …) se sont aperçu.e.s que la manière dont les hommes-cis et les femmes-cis expérimentent le plaisir dans le cadre d’une relation et/ou expérience sexuelle n’est pas égale.

C’est comme si la révolution sexuelle n’avait pas eu lieu et qu’elle n’avait pas apporté toutes les espérances qu’on attendait en ce qui concerne une meilleure prise en compte du plaisir des femmes et des personnes à vulves et que l’on avait pas réussi à mettre dehors le patriarcat de nos chambres à coucher !!!

Cette manière différente d’envisager la sexualité et le plaisir provient du fait que les hommes, dans les discours qu’ils peuvent tenir, utilisent la sexualité comme un moyen d’avoir de la satisfaction et ainsi considérer les femmes comme les objets leur permettant d’accéder à cette satisfaction.

Lorsque l’on évolue dans des sociétés ou des milieux où les relations sont sexualisées, la sexualité devient le principal vecteur des interactions et où de ce fait, les femmes y sont souvent exploitées.

Les femmes quant à elles envisagent la sexualité de manière relationnelle, c’est à dire que la sexualité fait partie intégrante d’une relation qui (la relation) ne se limite pas seulement à une activité sexuelle.

En effet, si les femmes cis-genre sont 4 fois moins satisfaites lors de leurs expériences sexuelles, les hommes cis-genre eux ont 20 à 50% plus d’orgasmes qu’elles.

La sexualité ne sert qu’aux intérêts des hommes et ce au détriment des femmes, de leur plaisir et de leur satisfaction, car la sexualité est devenue, depuis plusieurs années, un moyen d’avoir de l’autonomie.

Cette nouvelle autonomie acquise se pratique en dehors de toute relation affective et sentimentale, les Hommes et les Femmes dégagé.e.s de toutes les contraintes liées au mariage, à l’engagement et à la procréation.

On devient quelqu’un.e en étant sexuellement actif.ve ET la sexualité ne menace pas l’autonomie et le pouvoir décisionnaire des hommes, au contraire elle leur procure encore plus de liberté.

Tandis que les hommes gagnent en confiance en eux en multipliant les relations et en ayant du plaisir, les femmes peuvent, en raison d’absence de satisfaction et du désintérêt (et parfois la violence) qu’ont les hommes envers leur personne et leur plaisir, être mal perçues et développer une moins bonne estime d’elles-mêmes.

Une des explications qui s’impose dans cet écart de plaisir est la méconnaissance du clitoris qui a fait, par ailleurs, une entrée tardive dans les manuels scolaires français en 2017 (seulement) !

Malgré toutes les volontés exercées par le patriarcat pour le cacher, le détruire ou l’endommager (organe du plaisir), le clitoris est un organe important et essentiel pour l’autonomie et la santé sexuelle des femmes-cis et des personnes à vulves.

Le clitoris est composé de 8000 nerfs (deux fois plus qu’un pénis) et est bien plus grand que l’on peut veut encore le montrer.

Il est constitué d’une “tête” externe que l’on image souvent sous la forme d'un triangle qui mesure, selon les personnes (il s’agit d’une moyenne), de 2 à 4 cm de long et dont les terminaisons internes peuvent atteindre 9 cm.

Aussi, le clitoris dans sa partie externe présente deux bulbes dont il a été constaté qu’il s’agit du même tissu érectile et le même potentiel d’érection qu’un pénis. Ces bulbes se trouvent de chaque côté de la vulve et entourent le vagin !

Près de 75% des femmes et des personnes à vulves disent que la stimulation clitoridienne est nécessaire pour l'orgasme et/ou améliore l'orgasme ce qui représente un FORT potentiel de plaisir. Et on continue d'ériger la pénétration comme seule acte sexuel qui se respecte.

On peut le dire HAUT ET FORT !!! Les Femmes et les personnes à vulves BANDENT car elles ont aussi des érections !!!

Force est de constater que ce potentiel plaisir n’est pas ou peu réalisé. Même si les hommes-cis et femmes-cis qui ont des relations sexuelles ensemble et comprennent l’importance de la stimulation du clitoris lors d’une activité sexuelle, on constate que les hommes-cis sous estiment souvent cette stimulation, la skippent ou ne la pratiquent pas ET ne comprennent pas pourquoi les femmes avec qui ils ont des relations sexuelles n’expérimentent pas l’orgasme ! (parce qu’ils négligent leurs partenaires et leur plaisir).

Je ne suis pas en train de dire que l’orgasme doit être la finalité de chaque acte sexuel, mais juste l’idée de donner du plaisir à sa.son partenaire en la.le stimulant et en ayant vraiment l’intention de lui faire plaisir tout cela en ayant pas toujours recours à la pénétration.

C’est la raison pour laquelle près de 50% des femmes et des personnes à vulves disent simuler.

Le fait de simuler a pour effet de faire perdurer la croyance que la pénétration est responsable du plaisir alors qu’il est démontré que c’est la stimulation du clitoris qui fait aboutir à l’orgasme !

L’écart de plaisir a été difficile à évaluer dans la mesure où les hommes-cis se sont toujours considérés comme des Dieux du sexe alors qu’en réalité près de la moitié de leurs partenaires simulent !!!

Ecart de plaisir partout ???

Le genre et l’orientation sexuelles ont une part importante dans cette problématique de l’écart de plaisir.

Plusieurs études (gender et sexuals studies) ont démontré que le sexe sans expérimenter d’orgasmes était plus commun dans le cadre de relations hétérosexuelles que dans les relations dites Queer.

L'un des facteurs à l'origine de l'écart entre le plaisir des femmes-cis hétérosexuelles et femmes-cis lesbiennes, BI, PAN ou queer c'est qu'au sein de ces relations, il est a plus d'intention à considérer sa. son partenaire et son plaisir.

Cette meilleure considération propose un espace et un environnement plus propice à expérimenter le plaisir et l’orgasme !

Souvent lors des questionnaires posés aux femmes en relation avec des hommes, les réponses données par celles-ci démontrent que bien souvent elles se mettent à la disposition des hommes avec qui elles ont des relations sexuelles pour les satisfaire et au détriment de leur propre plaisir.

Les croyances suivantes :

  • la taille du sexe des hommes (alors qu’il a été démontré que le clitoris a les mêmes fonctions érectiles qu’un pénis et est plus grand qu’on ne le pense),

  • la durée de l’acte,

  • la non prise en compte des préliminaires dans l’acte sexuel,

  • la non considération que le plaisir des femmes ou personnes à vulves est important

  • conduisent à ce que les femmes-cis et les personnes à vulves à envisager l’activité sexuelle comme un travail émotionnel qu’iels doivent aux hommes, et finissent par simuler (pour rassurer les hommes dans leur masculinité) et donc de ne pas orgasmer ou peu par rapport à leur partenaires masculins.

Aussi, il me semble important de le rappeler que même si le clitoris est merveilleusement stimulé, cette stimulation n’aboutit pas toujours à un orgasme !

Il faut vraiment nous lâcher la bride en ce qui concerne la performance et la quantité de plaisir que l’on doit atteindre.

Bien entendu le plaisir est important et c’est quand même plus agréable quand on s’éclate MAIS ce dont il faut tenir compte c’est qu’il y a différents facteurs qui contribuent à l’orgasme comme : avoir le temps pour atteindre l’orgasme qui est en moyenne de 20 à 40 minutes selon les femmes et les personnes à vulves (donc les histoires de quicky dans les films où l’on voit la fille jouir au bout de 5 mn cela reste plutôt rare dans une réalité quotidienne) et avoir un. e partenaire avec qui on communique et qui connait la manière dont on atteint le plaisir aident beaucoup !

Une activité sexuelle agréable a besoin également d’érotisme et qu’il soit stimulé par les partenaires entre elleux ET une intimité émotionnelle, de la proximité et de la confiance.

Ce qui peut être un frein pour atteindre son plaisir c’est aussi une méconnaissance de soi, ne pas savoir où le plaisir se localise, comment et où et avec quelle pression il est nécessaire d’être touché.e pour ressentir le plaisir … en un mot connaitre sa carte personnelle du plaisir.

Comment réduit on l’écart du plaisir ?

En faisant du clitoris le centre de toutes les attentions !!!

Pour certaines personnes la pénétration vaginale rajoute du plaisir autour de l’activité sexuelle MAIS coupler à une stimulation clitoridienne cela augmente la possibilité d’un orgasme. La plupart des femmes et des personnes à vulves disent que cette stimulation se caractérise par des pressions légères, moyennes et fortes sur le clitoris ou sur la zone de la vulve qui entoure l’entrée du vagin et/ou en faisant des mouvements circulaires, de va et vient ou autres directement sur le clitoris ce qui procurent, selon les personnes, des sensations agréables.

En déstressant !!!

On a tendance à ne pas y penser mais tout ce que nous vivons dans nos vies quotidiennes a une incidence sur tous les domaines et donc également dans la “qualité” de nos vies sexuelles.

Les pensées négatives peuvent s’introduire pendant l’activité sexuelle et nous empêcher d’avoir du plaisir.

La sensualité est directement en connexion avec les SENS !

C’est pourquoi il est nécessaire d’être dans le ICI et le MAINTENANT (mindfullness).

De prendre le temps et parfois de s’interrompre.

De faire des checks sur le consentement et/ou sur les pratiques.

RAPPEL : le consentement est réversible ET CE A TOUT MOMENT… on peut consentir à une relation sexuelle et ne plus vouloir. On peut consentir à une pratique sexuelle et ne plus vouloir la faire ou la continuer !

S’arrêter sur ses émotions et ne pas minimiser ce que l’on ressent.

Connaitre ses “turn-ons” et ses “turns-offs”

Bien souvent on s’aperçoit que la sexualité que l’on a est influencée par ce que l’on voit, les personnes avec qui ont a eu des relations sexuelles et qui n’ont parfois aucun rapport avec notre sexualité personnelle.

C’est pourquoi, il est utile de connaitre ce qui nous plait MAIS aussi ce qui ne nous fait pas kiffer.

Dans son livre “Come as you are” Emily NAGOSKI (que je vous conseille) partage ses recherches sur la façon de comprendre ce qui nous excite et au contraire nous plait moins dans la sexualité.

Pour résumer, il est nécessaire d’avoir de la compassion envers soi-même et abandonner toutes les fables qui nous comptent encore comment une “vraie” relation sexuelle devrait se dérouler.

En réalité, il n’y a pas de début, ni de fins … juste des personnes qui cherchent à savoir et comprendre comment la sexualité fonctionnent pour elleux !

Masturbation ou autonomie sexuelle

En réalité, les femmes et les personnes à vulves devraient plus s’attacher à connaitre leur propre corps et comment il répond ou non à certain stimuli pour prendre possession de leur plaisir plutôt que de se soucier du plaisir de leur partenaire, plus souvent masculin.

Les femmes sont plus soucieuses de donner du plaisir à leur partenaire parce que les femmes sont socialisées autour du care. Très jeunes on apprend aux femmes d’être attentives aux besoins de toutes les personnes qui les entourent à l’exception d’elles-mêmes. Ce qui se répercute de façon plus systématique dans le cadre de relations hétérosexuelles, où elles sont, de façon systématique, mises au second plan et où elles exécutent tout le travail émotionnel.

95% des personnes qui se masturbent seules expérimentent l’orgasme, ce qui conduit à penser que cette pratique est une des meilleures manières de se connaitre soi.

L’autonomie sexuelle peut renforcer et favoriser la libido.

Quand la sexualité est partagée avec une ou des personnes permet de leur indiquer ce que l’on apprécie et comment on se sent pendant l’acte sexuel.

Pour ce qui me concerne, l’autonomie sexuelle m’a permis de mieux identifier mon désir et comment il se manifeste. Cela me permet de régler les frustrations que je peux rencontrer lors de relations sexuelles avec des partenaires et réduire ainsi l’écart de plaisir car plus on se connait mieux, plus on a de chance d’orgasmer.

Surtout, cela m’a permis de mieux choisir quand et avec qui j’ai envie de sexer, ne pas à avoir à céder à un désir immédiat que je pourrai regretter par la suite et me décomplexer quant à cette idée de performance et de jouissance qui peut être plus ou moins lourd.

Cela déculpabilise et surtout cela favorise le fait d’abandonner l’idée d’une relation sexuelle parfaite où le scenario laissent les partenaires dégoulinant.e.s et satisfait.e.s !!!

Puis, il y a plusieurs aspects qui ne sont pas ou peu abordés quand on parle de sexualité :

  • c’est l’asexualité et tous les spectres y afférents,

  • il y a des personnes qui ont des difficulté à être touché.e.s,

  • des personnes pour qui avoir des relations sexuelles peut-être effrayant,

  • des personnes qui ne sont pas intéressées par la sexualité.

Avoir une sexualité libre et compatissante c’est aussi envisager que les autres n’ont pas les mêmes besoins et la même identité sexuelle que soi.

Ne pas tomber dans une injonction à être sexuellement actif.ve parce c’est devenu une norme sociale. Je parle de cela car la semaine dernière, j’ai vu passer dans une page de gossip que les gens étaient surpris et choqués d’apprendre qu’une actrice (Drew Barrymore) avait déclaré ne pas avoir de rapports sexuels depuis plusieurs mois.

Je tiens à rappeler que ne pas avoir de rapports sexuels avec une personne ne veut pas dire que nous n’avons pas de sexualité.

La première personne avec qui nous sommes (ou pas) sexuel.le est nous-même.

Notre sexualité ne dépend pas de celle d’une autre personne. Elle est la nôtre et nous appartient. Peu importe ce que la norme sociale impose !

S’acheter des sex-toys

Depuis quelques années les sex-toys profitent d’une vraie publicité.

Il est quasiment impossible de passer à côté devant l’offre qui est proposée et la pluralité des entreprises qui se sont ouvertes à ce marché.

Avec le concours sur l’ouverture sur le sujet de la sexualité, l’offre prend, à mon sens, plus d’importance au détriment de l’éducation sexuelle qui elle peine à trouver des espaces où être discutée.

Pour ce qui est de la recherche de plaisir, les sex-toys font le taff. Il y en a pour tout le monde et toutes les pratiques. Les femmes et les personnes à vulves peuvent trouver les jouets spécialement désignés pour leur plaisir.

Ils peuvent être utilisés solo ou à plusieurs.

Les meilleurs sex-toys sont ceux qui ne substituent pas à son autonomie sexuelle personnelle … c’est-à-dire que l’on peut plus avoir de plaisir si on ne les utilise pas ou si on ne les a pas sous la main.

Le rôle des sex-toys est d’amplifier et décupler le plaisir et apporter un côté ludique à la sexualité et ainsi mieux comprendre sa carte personnelle du plaisir.

Je ne m’attarderai pas sur la pornographie qui dans les meilleurs des cas (si je peux me permettre) peut servir de support pour alimenter son imaginaire ou participer à un plaisir immédiat mais qui peut être néfaste dans le fait que cela peut nuire à notre imaginaire érotique et sexuel.

La pornographie dans les scenarios qui sont proposés et répétitifs ne nous invite pas à l’inventivité, la créativité et le partage.

Pour les plus jeunes qui en consomment leur met à disposition des contenus où la manière dont la sexualité est montrée est bien éloignée de ce qu’elle est en réalité.

Je n’omets pas de souligner que la pornographie reste une industrie patriarcale violente qui exploite les femmes, les minorités sexuelles et raciales.

Impliquer son. sa. ses partenaire.s dans sa recherche du plaisir

Je pense qu’il est nécessaire d’envisager la sexualité comme un partage. Un lieu où toutes les personnes qui s’y engagent peuvent échanger, se dire ce que l’on a appris sur son corps, sur son plaisir, les pratiques que l’on préfère et celles que l’on apprécie moins, rire ! Cela demande du temps, de la curiosité, du jeu et de l’implication.

Apprendre et partir à la recherche de la manière dont nous expérimentons le plaisir peut-être une activité plutôt agréable et encore plus quand cette recherche est faite entre personnes qui sont disponible et s’entendent à le faire.

ENFIN, je tiens à préciser que je suis consciente que nous ne sommes pas toutes et tous égaux.les face au plaisir, ni dans la manière dont on le pratique en dehors de la sexualité dans sa vie de tous les jours.

La quête du plaisir a beaucoup à voir avec le temps, la compassion et l’attention qu’on s’attache à soi.

Le plaisir et le jeu sont des domaines qui sont très présents dans l’enfance mais qui, une fois adulte, peuvent disparaitre et être inexistants et dont il peut être parfois difficile de se réapproprier.

Lorsque l’on ajoute le sexisme, la misogynie et les différentes violences qui peuvent parcourir la vie des femmes et des personnes à vulves, la question du plaisir (et pas que du plaisir sexuel) devient une question centrale et sur laquelle il est intéressant de s’y pencher.

Source : Esther PEREL - Emily NAGOSKI

Crédit photo : Adeline RAPON

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