Ecart de plaisir (part 2) … Comment je trouve l’égalité !

Dans mon précédent article, je me suis intéressée à l’écart de plaisir entre les hommes et les femmes, sujet largement débattu au profit de toutes les autres dynamiques relationnelles et identités sexuelles.

Que ce soit dans la pop culture, les œuvres littéraires etc, les représentations ne manquent pas en ce qui concerne ce que l’on appelle encore la norme.

Cette norme qui nous persuade que nous faisons partie d’un ensemble, que nous devrions toutes et tous s’y reconnaître… alors qu’il y a autant de réalités qu’il y a de personnes.

Il reste vrai que la norme patriarcale nous « domine » et nous trace la voie que nous devrions tout.e.s suivre.

Cependant … cette voie, il est possible d’y dévier.

C’est pourquoi, au regard des échanges que j’ai eu en marge de mon dernier article, je prends l’initiative d’aborder ce sujet plus focus sur mon expérience en dehors de ladite norme et comment le fait d’être lesbienne, m’a permis de mieux appréhender mon plaisir.

Etre lesbienne m’a ouvert à mon épanouissement personnel global, au repos et à l’indépendance.

Je ne suis pas un homme (vous l’aviez remarqué), je n’ai donc pas été socialisée pour dominer, contraindre, être servie et forcer. (peu importe ce qui peut être dit, même le plus tendre des hommes, encore dans nos temps actuels, est construit et évolue sous le spectre patriarcal et exerce une domination quelle soit économique, morale ou physique) !

Il me semble donc difficile, dans des sociétés stigmatisantes et exerçant des dominations, d’échapper à des discriminations et à des oppressions.

C’est donc de façon logique que dans le domaine sentimental et sexuel en raison du contexte sociétal, les hommes exercent un ascendant et que de ce fait, la notion du plaisir féminin dans leur conception prend du temps à s’envisager et à se concrétiser.

Evoluer en dehors de ces dynamiques hétérosexuelles m’a fait me souvenir que mon corps m’appartient et que je peux l’utiliser pour moi.

Je peux le mettre “à disposition” des autres si je le souhaite et je peux jouir d’une certaine fluidité.

Dans mes relations lesbiennes, je fais l’exercice de la recherche, d’être curieuse et sûrement d’être aventurière.

Les codes esthétiques sont redistribués, ainsi que les codes de séduction. De ce fait… la route vers le Plaisir devient une (re)découverte palpitante !

Ce qui est a été intéressant de comprendre et percevoir c’est la capacité de donner du plaisir autant que de le recevoir.

Ce pouvoir … je pense que je ne l’expérimentais pas avec autant de puissance et d’aboutissement.

Je dis cela parce que je sentais des limites infranchissables. Sûrement dues parce que mon identité sexuelle n’était sans doute pas hétérosexuelle. De ce fait, je dirai que je fais l’expérience d’un plaisir plus vaste, infini et protéiforme, dont je suis l’actrice principale.

So… après cette longue introduction… l’écart de plaisir dans mes relations lesbiennes, je le vis pas ou moins, car je ne me sens pas limitée, les frontières sont plus facilement ouvertes et surtout ce que je trouve très important je m’y sens en sécurité.

Je ne suis pas seulement un « objet » à destination de … je suis l’objet et la destination.

La manière dont je relationne avec les femmes est moins stressante et plus intuitive. Mes émotions me précèdent et sont très souvent de bons guides. Aussi, j’ai remarqué que je ne suis plus dans une urgence à séduire, à être séduite et à répondre à des sollicitations.

Je me sens maîtresse. Décisionnaire. Aux commandes.

J’ai, de ce fait, beaucoup plus l’opportunité de romancer le moment de la rencontre qui pour moi est un moment particulièrement rempli de promesses : celles d’apprendre à connaitre une autre personne.

C’est excitant de comprendre ce qui me plait chez l’autre, les points en commun et les différences et d’imaginer les choses que l’on peut partager ensemble.

Pour définir, je décrirai mon attirance pour les Femmes comme “spirituelle ou intellectuelle”. Pour autant, elle n’est pas dénuée de mon appréciation de caractéristiques physiques, qui eux participent à mon champ sensoriel, sensuel et sexuel.

Là encore, en relationnant avec des femmes, j’ai réalisé comment la norme nous dicte d’apprécier un certain “type” de personnes, rétrospectivement on peut faire le constat que l’on a daté à peu près les mêmes profils.

Je me suis aperçue que ce qui m’attire chez les femmes est pluriel et ne répond pas à un script prévisible. J’apprécie un ensemble de caractéristiques ou quelque chose de précis, mais c’est à chaque fois c’est très différent et fait naître des émotions charnelles.

L’attirance sexuelle, qui reste bien évidemment présente, se fait plus latente et crée une tension. Je trouve, et cela me concerne personnellement, que l’espace laissé aux échanges est plus important. La sensualité est omniprésente et a une grande place dans la séduction. Les mouvements. La réserve ou la timidité. Les hésitations. Tout cela, je pense, fait que les langues se délient, les corps se rapprochent, les appréhensions baissent la garde qui mènent à une concrétisation dans une relative douceur où les personnes impliquées n’ont pas l’impression d’avoir été contraintes ou forcées. Chacune mènent le jeu !

Pour imager … c’est comme se déshabiller peu à peu. S’adonner à un strip-ease.

Pareillement, je perçois que dans ces relations, il y a plus de place pour aborder les sujets difficiles et ce assez tôt dans la rencontre. Il est aussi plus facile d’évoquer les complexes, les peurs, la santé sexuelle (protection, dépistage), les difficultés rencontrées par chacune des personnes, les rythmes de vie et agendas différents.

De mon point de vue cela favorise une entrée dans la sexualité de façon plus ouverte et plus honnête avec un ensemble d’informations qui contribuent à être attentive et à prendre soin de l’autre et de soi.

La communication est importante pour installer une intimité et la confiance.

C’est un turn-on de me dire que tout reste à explorer que ce soit la quête de l’autre ou de mon plaisir. C’est un parcours riche et non linéaire… car tout reste à définir, à adapter et à modifier… se dévoiler (ou non) à son rythme.

Les éléments qui d’ailleurs m’ont permis à être plus pro-active quant à mon plaisir, c’est d’abord d’intégrer que j’ai le temps : qu’il ne s’agit ni d’une course, ni d’une performance.

Longtemps le sexe lesbien a été cantonné à des préliminaires, à des représentations saphiques et “innocentes” sous entendant qu’il n’y avait pas de pénétration (pas de pénétration par un phallus hein) et que cela ne constituerait pas une relation sexuelle aboutie «aggravée » par la stérilité de ces rapports (ben oui on peut pas faire de bébés). Je ne vais pas rentrer dans les détails ici, mais c’est une vision réductrice de ce qu’est la sexualité en général quelque soit le genre et l’identité sexuelle. Que même si la pénétration n’est pas une fin en soi (et c’est vrai), il existe de nombreuses pratiques, l’acte sexuel pénétratif est possible pour tout.e.s et par différentes moyens (à qui le veut) !

J’ai, de mon côté, accordé plus d’importance au flirt qui est un bon canal pour affiner l’attirance et l’excitation et comprendre ce que je cherche et ce que je veux.

J’ai mis en action le consentement pour moi et pour l’autre de manière systématique pour être sur un pied d’égalité, mais aussi pour ne surtout pas reproduire de schémas violents ou oppressifs.

La créativité a fait une grande entrée dans mon plaisir et cela a mis en avant un versant de ma personnalité dont j’ignorais l’existence.

La création dans la sexualité ouvre la possibilité d’échapper à une routine, d’essayer de nouvelles expériences et de s’amuser.

Là encore cette “routine” reste très présente dans les représentations culturelles. Et quand la pop-culture essaie de montrer comment la routine peut être rompue ça donne fifty shades of… et je ne suis pas convaincue !

J’ai aussi pris en considération de façon plus nette l’importance de donner de soi. Du moment que je le choisis et que je suis tout à fait OK avec cette idée.

Etre à mon écoute, de mon état de santé et de forme et dans l’observation de l’autre. Tout cela favorise le respect des limites, de l’espace et des échanges sexuels plus apaisés et sans doute plus fluides.

Vraiment, ce qui m’apporte le plus de plaisir et fait qu’il peut en être décuplé c’est la communication notamment évoquer mes attentes.

Et si on parlait des attentes ? Comment faire pour exprimer ses attentes en début de relation et au cours.

Nous avons toutes et tous des attentes. On ne les dit pas toujours, ce qui n’empêche leur existence.

A ce propos, rester campé.e sur certaines peut jouer un rôle dans l’inconfort que l’on peut ressentir parfois et/ou générer de la distance et/ou de l’incompréhension qui sont des freins à l’accession du plaisir.

J’ai réalisé que toujours OU autant que possible exprimer mes attentes permettait de faire des check émotionnels, situationnels, sentimentaux et sexuels. Pareillement, permettre à l’autre de le faire me fournit une idée plus réaliste de ce qui est en train de se vivre.

Les attentes pas ou mal exprimées ou non réalistes peuvent avoir un impact. Et lorsque cet impact est négatif, il a des conséquences sur le contentement que l’on ressent pour et avec l’autre.

J’essaie de ne blâmer personne, car ces histoires d’attentes ont un historique qui prend souvent naissance au sein de notre enfance.

Enfant, il nous a rarement été fait la place :

  • de nous exprimer,

  • d’occuper l’espace,

  • de rejeter ou discuter un ordre,

  • d’affirmer une préférence.

De sorte que devenu.e.s adultes, face à d’autres adultes … on ne sait pas toujours comment prendre position ou émettre un choix, se souvenant du moment de l’enfance, où chaque demande pouvait être considérée comme un caprice, qu’être jeune et enfant nous dispensait de savoir.

C’est ce qui peut expliquer un sentiment d’illégitimité et à s’imaginer que l’on réclame avec tout l’imaginaire péjoratif qu’il existe derrière ce verbe.

En fait c’est comme de la rééducation. On apprend à communiquer, partager …

Cela reste mon avis, mais je trouve que dans les relations avec les hommes ou avec une certaine différence d’âge, ce n’est pas toujours simple pour la personne considérée ou se considérant inférieure de s’affirmer.

Il reste encore très courant de laisser aux hommes d’occuper tout l’espace de décision.

De même, les personnes plus âgées bénéficient d’un ascendant du fait de leur âge et on leur prête plus souvent qu’iels sont “expert.e.s”.

Aussi, la personnalité, l’aisance à aborder certains sujets, la confiance en soi et la connaissance de soi et de ses besoins sont de vrais renforts pour aller à la rencontre de son plaisir et de l’exercer au sein de ses relations.

Je suis persuadée que lorsque la communication est un acquis et est suffisamment utilisée comme une force commune, il n’y a pas l’espace d’exercer un pouvoir ou de la domination.

Plus nous communiquons sur nos attentes, plus nous nous permettons d’être transparent.e.s. Plus nous multiplions les chances que nos besoins soient entendus, reçus et valorisés et moins nous prenons le risque d’être incompris.e.s.

Les frustrations… tu vois de quoi je parle n’est-ce pas !!!

Comment parler de ses attentes

Quand j’ai commencé à dater des femmes, j’ai réalisé que la majorité de mes attentes étaient liées à une envie de validation extérieure, un besoin de reconnaissance et d’appartenir à une communauté.

De ce fait, je ne pouvais pas être connectée à moi, ni à mes partenaires mais plutôt à ce que je pouvais “gagner” à relationner.

De même, je nourrissais l’attente principale d’une complicité immédiate, d’easy going, de fluidité et de facilité. Cela reste une légende que les relations avec les femmes seraient plus faciles. Je peux le dire maintenant, avec le recul, mais j’étais totalement dans une utopie où j’imaginais que je n’avais rien à faire … juste à être présente et me laisser porter peu importe ce qui se passait !

La notion de temps est une notion avec laquelle aujourd’hui je suis plus prudente. Je supposais que je n’avais pas le temps. Par conséquent, je voulais vivre MAINTENANT ! Et forcément je voulais TOUT vivre TROP vite.

J’ai pris conscience que voulais cocher des cases : la validation ne tenant pas compte du côté libérateur de disposer d’espace et de temps !

Cela a été difficile de prendre de la distance et de ne pas répondre dans l’urgence : celle de vouloir plaire, celle de ne pas être laissée de côté, celle de vouloir correspondre à un idéal, celle d’être reconnue.

Je me figure tout cela comme une compétition. Il faut être visible. Dès que l’on est disponible le faire savoir et surtout avoir une personne (ou un coup d’avance !).

Quand je m’autorise à ne pas être poussée et influencée par l’urgence ou les validations extérieures, je me pose les questions suivantes :

  • qu’est-ce qui me fait le plus sentir vue, appréciée, en sécurité et sexy ?

  • qu’est-ce que je recherche dans une relation intime avec une autre ?

  • comment j’aimerais que l’autre m’aborde ?

  • comment je souhaite qu’elle me témoigne son intérêt ?

  • que faire si je suis face à une personne qui a des comportements qui me trigger (conduites à risques, addictions etc) mais qui me plait ?

  • Comment exprimer un inconfort ?

En m’autorisant à me poser ces questions, j’autorise aussi l’autre à se montrer au lieu de résider au royaume des suppositions et des projections.

J’appelle cela la collaboration…

Quand j’entends parler des relations c’est comme si finalement la rencontre ne s’opérait jamais ! J’en viens au constat que nous évoluons dans des dynamiques relationnelles qui ne souffrent ni la différence, ni le refus, ni la « confrontation ».

Nous prenons le refus ou la négociation comme un rejet… presque tout devient disqualifiant.

Alors que si nous appréhendions le refus ou la négociation comme une invitation à la curiosité ou de se voir proposer une autre vision à faire autrement… on collabore.

Je pense profondément que c’est OK d’avoir des besoins et même des limites et de les faire connaitre. D’appréhender les choses autrement. Ce qui est moins OK c’est de les imposer, refuser ceux des autres, agir en force et ne pas communiquer.

Cela dit, très longtemps, j’ai eu peur de mes propres besoins.

Je ne leur donnais pas l’importance qu’ils méritaient sans doute les trouvant pas appropriés, pas réalisables ou bizarres.

Ce que je m’efforce à me dire désormais, c’est que plus tôt les besoins et limites sont exprimés, et peu importe la temporalité du lien, moins on perd son temps et moins on fait perdre du temps à l’autre.

Quand on gagne du temps, on se met également dans une position où on essaie, tant que possible, de ne pas blesser et ne pas s’auto-saboter à se faire du mal à soi-même.

Plus on favorise l’échange et la collaboration, même dans des relations one shot, temporaires ou plus durables plus on prend du PLAISIR avec l’autre.

C’est possible de dire :

  • j’aime ça / je ne veux pas cela / je ne pratique pas cela / je veux arrêter

  • ou bien qu’est-ce que tu aimes / on essaie cela / quelle est ta position sur …

On expose ses limites. On prend soin de soi. On prévient les contrariétés.

Aussi, il y a un élément qui s’invite dans la manière dont on appréhende l’évocation de son plaisir, ses attentes et ses besoins, c’est le honte.

La honte peut expliquer la rétention à exprimer certaines choses. (Par exemple quand on a des kinks et que ceux-ci sont considérés comme déviants et dégradants dans l’imagerie sociale).

Dans ces conditions, on se ferme au plaisir et même à l’éventualité qu’il puisse intervenir.

Je considère que le plaisir c’est de la création que l’on cultive pour soi et/ou avec les autres.

Cela reste un droit, bien entendu pas vital, de pouvoir explorer ce qui nous fait nous sentir bien.

J’estime que c’est important de parler du PLAISIR dans sa définition la plus large.

Moins on en parle et plus on internalise que c’est inaccessible.

Il arrive en réponse à cette réticence au plaisir que nous le mettons entre les mains des autres qui finissent par le définir à notre place.

On se met à pratiquer ou s’engager dans des activités (de façon générale) que l’on apprécie pas. On ne se donne pas non plus la chance de confronter l’autre à du changement.

D’ailleurs, les conversations n’ont pas toujours besoin d’être explicites, ou conflictuelles. Ce qui importe c’est de semer des pistes pour être compris.e, de poser des questions ou de tester, toujours en présence de personnes bienveillantes et qui sont à l’écoute.

La encore quelques questions qui peuvent être posées :

  • qu’est-ce que tu aimes ?

  • où aimes-tu être touché.e ?

  • que veux tu faire ?

  • qu’est-ce que tu aimerais recommencer ?

Se sentir invité.e, écouté.e augmentent les opportunités de partage qui sont le meilleur moyen de réduire l’écart de plaisir.

Au-delà de l’invitation, j’ai le sentiment qu’on oublie que les liens que l’on a avec les autres doivent se cultiver, être ravivés et que l’on droit en prendre soin. Au début tout est plus ou moins plus facile et on oublie l’importance de New Relationship Energy (NRE : fait référence à un état d'esprit ressenti au début des relations sexuelles et amoureuses, impliquant généralement des sentiments et une excitation émotionnels et sexuels accrus. La NRE commence avec les premières attractions, peut devenir pleinement efficace lorsque la mutualité est établie et peut s'estomper au fil des mois ou des années. Le terme indique un contraste avec les sentiments suscités dans une relation «ancienne» ou en cours).

Là encore, cela fait appel à de la créativité et de la disponibilité émotionnelle et temporelle.

Je trouve séduisant de retourner vers ce qui nous attire chez l’autre.

Ce qui a fait que cette personne (ces personnes) sort du lot plutôt qu’une autre et de trouver la stimulation qui donne au plaisir la chance de se transformer et de prendre un autre niveau.

Je me représente le plaisir comme un espace où nos émotions les plus primaires et naturelles se dévoilent.

Le plaisir c’est nous sans fard et artifices.

C’est aussi une action de générosité à la destination de soi et des autres.

Ce qui crée l’écart c’est de se trouver en contact avec des personnes qui vampirisent et utilisent les autres pour servir leur plaisir.

Dans ces cas, il y a un déséquilibre qui conduit à de l’insatisfaction et le désinvestissement du plaisir. Et dans les cas où le travail domestique et émotionnel est fourni par une seule et même personne à une fatigue émotionnelle qui ne permet pas de créer et d’avoir du plaisir !

La notion de partage et du don sont à mon sens à ne pas écarter du plaisir.

C’est ce partage primaire et dont on prend soin qui fait que l’expérience soit réussie et que l’on a envie de la renouveler.

Avant tout partage, ce qui me semble primordial à réaliser : c’est de faire une première évaluation de son état émotionnel, une revue de ses attentes et les adapter à la situation et/ou la personne.

Une fois cela fait ! GO !

Et comme toujours rien n’est définitif … Tout peut toujours être redéfinit !

Crédit photo : Adeline Rapon

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