Mania (Cycle de l'Amour) ...

LOVE WITHOUT TRUST IS A RIVER WITHOUT WATER !

MANIA : c'est le mot grec qui décrit la forme d'amour qui caractérise le déséquilibre entre Eros et Ludus (voir les précédents posts sur ces formes d'amour) et qui conduit les personnes engagé.e.s vers l'obsession, une relation difficile faite de manipulations, de conflits et de confrontations.

Dans cette forme d'amour, les personnes veulent être aimées et aimer pour leur valeur soit confirmée.

Cette forme d'amour peut conduire à des relations co-dépendantes et être propices à de :

- la jalousie,

- la dépendance affective,

- la méfiance,

- la rivalité,

- l'agressivité,

- l'insatisfaction,

- la manipulation,

- la possessivité.

***

J'ai vécu maritalement (dans une précédente et lointaine vie...) avec deux hommes.

Deux relations aux dynamiques très différentes car :

- l'une ponctuée de violences conjugales, de privation et de domination masculine et ce même au-delà de la rupture ;

- l'autre m'a permise de découvrir qu'une personne, et qui plus est un homme, pouvait prendre soin de moi.

Ces relations ont mis en évidence le conformisme auquel je me suis pliée pour obéir à la société.

Pour être tout à fait honnête, étant lesbienne, ces relations n'auraient pu être des terrains propices à mon épanouissement et à mon accomplissement personnel.

Heterosexuality wasn't for me !

Elles ont été les premières manifestations que les traumas que j'avais connus enfant, ainsi que l'absence d'éducation émotionnelle me faisais partir dans la vie sentimentale et sexuelle avec zéro d'expérience !

C'est lorsque j'ai commencé à relationner avec des femmes que je me suis aperçue que je ne savais pas dire NON, parce qu'en réalité j'avais peur d'être rejetée.

Malgré le fait que j'étais dans des relations qui correspondait à mon orientation, je n'ai pas été en mesure d'avoir d’être en accord avec mes aspirations : d'évoluer au sein de relations sentimentales qui me seraient secure et dans laquelle je m'épanouirais.

Le fait de ne pas savoir dire non et ne pas avoir su m'imposer par peur, m'a conduite à accepter des situations qui étaient contraires à ma volonté et à mes limites.

Ce déséquilibre a perturbé la perception que je pouvais avoir de moi, car intérieurement, j'avais un dialogue négatif à mon égard qui s'est manifesté en une perte de confiance en moi.

Confiance … que j'avais l'impression d'avoir me consacrant entièrement à ces relations : elles avaient le pouvoir de valider mon existence.

S'en sont suivies des conduites dangereuses en occultant mon bien-être en mettant en danger ma santé physique et mentale.

De plus, ces relations ont exacerbé les traumatismes de mon enfance et ceux vécus jeune adulte.

RETOUR SUR LE PASSE FAMILIAL :

Dans le travail de guérison que j'ai entamé mon histoire familiale est prise en compte.

Qui sont mes parents, l'histoire de ma famille, comment sont les liens familiaux, comment maintenant adulte, j'ai construit ma famille ...

Cette histoire de famille n’est pas une excuse aux comportements que j'ai ou que j'ai pu avoir, mais est la source de stigmates et de schémas inconscients que j'ai répétés et dont je veux me défaire ayant conscience maintenant de leur existence.

Je n'ai pas connu ma grand-mère maternelle.

Elle est décédée lorsque j'étais âgée d'un peu plus de quatre ans.

Elle a migré de Dominique à la Guadeloupe où sont né.e.s de ses 7 enfants, et de Guadeloupe en France (région parisienne) accompagnée de ses enfants.

Elle les a élevés seule et subvenait aux besoins affectifs et matériels.

Je ne souhaite pas faire d'elle une héroïne... c'était une femme à qui on a demandé beaucoup et qui, en raison de sa condition de femme, a répondu à ces injonctions dont celles :

- d'être un bon parent pour l'ensemble de ses enfants malgré sa condition de parent solo ;

- d'être une femme honorable malgré le fait qu'elle n'a jamais été mariée et qu'elle ait eu différents amants.

J'ai pris du temps à comprendre la structure sentimentale et familiale de ma grand-mère.

Avec la réflexion, j'ai compris que contemporainement parlant que l'on pourrait qualifier sa position dans la vie des hommes qu'elle a fréquentés de "side chick".

Une side chick : une personne (souvent une femme) qui a une relation avec une autre personne (souvent un homme) qui ne s'engage pas envers elle car iel ne la voit pas dans son futur.

Le fait que l'homme soit déjà engagé dans une autre relation est une "entrave" au bon déroulé de la "nouvelle" relation.

Un.e "side chick" n'a pas vraiment de statut.

Très souvent, elle se révèle être une personne de "l'ombre", même si beaucoup connaissent son existence de façon non-officielle.

On peut s'apercevoir que les personnes qui tissent des relations "non officielles" peuvent parfois exercer une « manipulation sentimentale ».

Disclaimer : je ne suis pas en train de dire que seul l'engagement est SAIN et SAFE.

Il est possible d'avoir une vie totalement épanouie en étant célibataire, en étant indépendant.e financièrement, en vivant seul.e, en exerçant une activité professionnelle, en ayant ou pas un ou des enfants, e datant un ou des partenaires.

Le mythe de l'amour selon lequel deux moitiés se retrouvent pour former un "TOUT" est dépassé et il perpétue l'idée qu'il est nécessaire d'être au moins deux pour être une personne complète et heureuse.

Le mariage peut être prospère et épanouissant mais c'est un privilège qui ne nous touche pas tout.e.s ; plus particulièrement dans les pays ou régions du monde où les lois patriarcales sont les plus sévères envers les femmes.

N'oublions pas qu'à ce jour en France 102 Femmes sont décédées suite à des actes de violences domestiques et conjugales !

De nos jours, nous pouvons désigner de façon explicite les nombreuses manières de relationner sentimentalement et/ou sexuellement.

- relation engagée mais non monogame ou couple ouvert (marié.e, pacsé.e, concubinage etc);

- relation polyamoureuse;

- relation anarchique;

- être célibataire et faire des rencontres sans être en relation;

- être célibataire et rechercher son.sa.ses partenaire.s de vie;

- se retirer de toute relations amoureuses et sexuelles;

Quand on date et plus tard si une activité sexuelle intervient, l'ocytocine est produite (l'hormone du plaisir) et développe un lien d'attachement avec les personnes que l'on rencontre, ce qui peut rendre l'expérience des relations occasionnelles douloureuse.

L'attachement aussi bref soit-il avec une ou plusieurs personnes peut nous faire ressentir vide et seul.e quand cela s'arrête et avoir des conséquences sur notre confiance et notre capacité à être intime dans l'avenir.

Aussi, le jugement moral exercé à l'encontre des Femmes qui datent sans s'établir reste très attaché à l'idée de pureté et de femmes virginales.

Dans le cadre des rencontres occasionnelles, la notion de disponibilité est à explorer.

La disponibilité est une prérogative du patriarcat, tout comme l'est la virginité.

Les hommes (le plus souvent) en raison de leur désir sexuel (qui serait plus élevé que celui des femmes) devraient pouvoir disposer des femmes comme ils l'entendent (sans limite dans le temps, quand ils le veulent) ...

Pour ce qui est de la virginité, il a été scientifiquement prouvé qu'il n’existe pas de différence physiologique entre une femme "vierge" et une femme qui ne le serait plus.

La théorie sur la virginité repose sur l'hymen, membrane de l'appareil génital féminin qui ferme partiellement ou complètement l'entrée du vagin selon les personnes.

On ne peut pas, suite à un examen de l’hymen, déterminer si une personne a eu un rapport sexuel ou non, dans la mesure où il existe différents hymens (forme, taille, apparence etc ...).

Cette réalité scientifique met à mal les "certificats de virginité" qui sont infondés et représentent une humiliation pour les femmes à qui il est, parfois, demandé de prouver leur moralité et pureté.

Cela démontre également que les chirurgies reconstructives de l'hymen ne sont là que pour rassurer l'ordre patriarcal et renforcer la théorie selon laquelle l'hymen serait "perforé" (et donc abîmé) au moment de la première "pénétration" ...

Les théories développées sur la virginité et le caractère impur des femmes qui en découlerait ne sont ni plus, ni moins une manière de contrôler le corps des femmes.

Les jeunes femmes deviennent adultes avec l'idée que si elles sont sexuellement actives, elles prennent le risque d'être stigmatisées, sanctionnées par leur famille et bannies de certaines communautés et que cela serait un indicatif de leur valeur.

Ainsi, s'infiltre dans la vie sexuelle des personnes le fardeau de la virginité et de la pureté corrélé à la dignité et à la valeur.

Ce fardeau est transmis familialement et socialement.

En réalité, la sexualité n'est pas dangereuse et malsaine !

C'est la société et les personnes qui introduisent toutes des injonctions culpabilisantes, shamantes et stigmatisantes en utilisant la sexualité comme une arme à l'encontre des femmes et des personnes vulnérables.

***

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un rapprochement sur le parcours de ma grand-mère et le mien :

- quelques unes de mes dernières relations n'étaient pas avec des partenaires officiel.le.s,

- j'ai évolué dans des relations que je qualifie de chaotiques, inégales, illégitimes et malsaines pour moi et donc aussi certainement pour mes partenaires,

- je suis parent solo et mes deux enfants sont issues de deux relations différentes,

- j'ai longtemps pensé que je n'avais pas de valeur,

- j'ai dépensé beaucoup d'énergie dans des liens toxiques,

- j'ai cru que je devais mériter l'amour et l'attention qui m'étaient donnés quoi qu'il m'en coûte.

A cela j'ajoute, le fait d'avoir grandi au sein d'un foyer violent et incestueux.

C'est un contexte qui a laissé des séquelles et qui a été déterminant dans les dynamiques de mes relations amoureuses et sentimentales.

Je suis convaincue que les traumas intergénérationnels ont conditionné de nombreux choix de ma vie.

Ils m'ont poussée à m'établir tout juste sortie de l'adolescence, m'ont retenue de m'émanciper et ont conditionné la manière dont je rentrais en relation considérant (inconsciemment) que je ne pouvais pas obtenir le respect, l'amour et la sécurité dont j'avais besoin.

Le fait de me retrouver souvent dans des relations toxiques et destructrices pour moi révèle que les traumatismes que j'ai traversés n'ont pas été efficacement traités, de sorte que la partie traumatisée en moi recherchait à revivre les traumas que j'ai connus et qui m'étaient familiers.

Ces patterns s'appellent la compulsion de répétition et du trauma bonding* (lorsqu´une personne qui n’a pas rencontré de traumas instaure une relation abusive avec une personne qui en a traversés).

Dès que j'ai réussi à identifier ces patterns, j'ai pu me diriger vers ma guérison.

Par ailleurs, ce qui peut participer et aggraver les traumatismes que l'on a connus est la manière dont les normes sociales patriarcales ET hétérosexistes sont imposées par certaines familles qui, se retrouvent à perpétrer des obligations, des injonctions, des interdictions à leurs enfants sans les avoir questionné elleux-mêmes.

A vouloir uniformiser les modèles et donc déshumaniser les personnes pour qui ces modèles ne peuvent pas s'appliquer que ce soit en raison de leur orientation sexuelle, leur genre ou tout simplement leur idéal personnel de vie.

MANIA

Comme je le disais en introduction, Mania est le type d’amour produit par le déséquilibre entre Eros et Ludus qui entraîne une perte de repères et mène à l’obsession.

Dans cette forme d'amour, ce qui est recherché est avant tout "être aimé.e ET aimer" pour se sentir valorisé.e.

C'est pourquoi dans ce type d'amour la possessivité et la jalousie trouvent une place importante et sont l'essence de la relation !

Dans les formes de l'Amour, AGAPE est considéré comme l'amour universel.

MANIA est tout son contraire ... c'est l'amour dans sa version limitée.

MANIA c'est l'amour qui prend une certaine forme et ne doit pas changer.

MANIA crée de la souffrance entre les partenaires dans la mesure où cet amour se révèle être intransigeant, rigide, obsessionnel, autoritaire ET possessif !

La forme d'amour MANIA prend naissance dans le narcissisme et l'égoïsme, c'est à dire que rien ne prime plus que les attentes et les besoins d'un.e des partenaires soient assouvis.

On souhaite que l'autre nous appartienne "tu es à moi" et qu'iel nous possède "je suis à toi" et là commence la spirale dans laquelle aucun des protagonistes ne peut échapper à la rhétorique de "Aimer c'est souffrir".

MANIA est tout le contraire de la liberté !

C'est un amour où la perte de liberté est ancré.

Dans cette forme d'amour tout ce que l'on fait, dit, s'engage dépend de la validation et de la manière dont on souhaite être perçu.e par l'autre.

C'est un amour qui ne donne pas lieu à la manifestation de son "soi", car il se trouve emprisonné par l'influence qu'exerce son.sa.ses partenaire.s sur soi et inversement.

C'est dans la forme MANIA qu'il est possible d'entendre des phrases telles que :

"Je t'ai tout donné !

Je t'ai tout appris !

Tu m'as tout pris !

Tu n'étais rien avant moi ...

Tu n'es rien sans moi ...

Après tout ce sur j'ai fait pour toi ..."

Ce qui a été accompli durant la relation l'a été afin d'assouvir le besoin de contrôle sur l'autre.

L'Amour n'a pas pour finalité de nous soumettre à l'Autre, ni de nous enfermer, de nous cacher, de nous empêcher de vivre et d'être ce que nous sommes.

L'Amour est libérateur.

En aimant l'autre on le rend libre !

Dans MANIA, les personnes sont persuadées aimer de manière inconditionnelle.

En réalité elles donnent et accordent leur amour "sous conditions":

- par rapport à ce qu'iels sont,

- ce qu'iels apportent,

- ce qu'iels représentent,

- ce qu'ils souhaitent imposer et soumettre.

Tandis que dans AGAPE l'amour y est désintéressé.

On aime l'autre juste pour ce qu'iel est ... sous sa forme la plus primaire, sans la nécessité de le.la changer ou le.la façonner, ou le.la contraindre à prendre des décisions ou faire des choix qui pourraient jéopardiser sa propre personne et enfreindre ses limites.

L'amour dans MANIA n'est qu'une illusion, une vitrine, un leurre !

MANIA c'est également la forme d'amour qui peut parfois réveiller des traumas infantiles, tels que :

- la peur de l'abandon : quand le parent ou la personne qui est en charge de l'enfant est incapable ou refuse de répondre aux peurs de l'enfant ou quitte le foyer ; les personnes qui ont vécu l'abandon durant leur enfance ont tendance à développer une dépendance émotionnelle et ne pas se sentir en sécurité et ont peur d'être à nouveau abandonné.e.s.

- les violences domestiques : avoir été témoin ou sujet de violences domestiques durant l'enfance peut provoquer des blessures émotionnelles à l'âge adulte et affectent les personnes et leur environnement.

- le rejet : quand le parent ou la personne en charge de l'enfant le.la rejette ; cette douleur émotionnelle peut déclencher une fois adulte un sentiment d'insuffisance et d'incapacité.

- se sentir victime d'injustice : lorsque l'on grandit au sein de famille où des traitements inégaux sont pratiqués dans la fratrie ; les personnes qui ont vécu ces situations enfants ont l'idée qu'iels ne méritent pas l'attention des autres et ont du mal à faire confiance.

- trahison et/ou promesse non tenue : quand le parent ou la personne en charge de l'enfant fait une promesse qu'iel ne tient pas ; cela peut créer une blessure émotionnelle qui fera penser que les personnes qui nous entourent ne sont pas fiables.

A l'âge adulte cela se traduit par des personnes avec une personnalité incertaine, jalouse, craintive et compulsive.

- la blessure de l'humiliation : cela concerne les enfants qui ont été sujet.t.e.s à de situations humiliantes, moqueuses, discriminantes à l'école comme à la maison. Ces traumatismes peuvent mener à la dépression et une faible estime de soi.

- la peur de l'inconnu : lorsque les personnes ont été immergées trop jeune et de façon violente dans des environnements inconnus; Cela conduit ces personnes à développer un sentiment d'insécurité, qui ont peur du changement et deviennent résistant.e.s à la nouveauté.

Lorsque que vient la reconstruction ce qui peut aider est le fait que l'autre puisse reconnaitre sa part de responsabilité dans les situations que l'on a vécues (parent, proche, partenaire, ami.e etc ...).

La reconnaissance et la validation de l'expérience ont la capacité de nous enraciner dans la réalité.

Malheureusement, dans la plupart des cas, cette reconnaissance ne se fait pas, tout simplement parce que prendre ses responsabilité est un acte difficile à accomplir.

C'est donc souvent à la personne blessée à qui incombe cette tâche et à guérir.

COMMENT ?

FOCUS sur sa propre histoire et son histoire familiale : quels sont les exemples d'adversité traversés par des membres de sa famille , quels évènements familiaux ou traumatismes pourraient expliquer nos modes d'attachement.

METTRE EN PLACE DES ROUTINES : faire le vide, se débarrasser de choses (matérielles ou immatérielles), jeter pour recommencer, changer ses habitudes etc ...

DONNER UN SENS A SA PERTE ET A SON TRAUMATISME : donner un sens aux évènements de sa vie permet de s'engager vers de nouveaux objectifs qui n'auraient pu être possibles si le passé n'avait pas existé (création d'entreprise, réalisation de projets personnels, voyages etc ...).

RECUEILLIR LE SOUTIEN DE SA COMMUNAUTE : il n'a jamais été dit que les évènements de la vie devaient se vivre seul.e.s.

Il est salutaire de recueillir le soutien de sa famille, de ses ami.e.s, proches ou amoureux.se.s.

Allez vers où vous vous sentez le plus en sécurité et où vous pourrez vous ressourcer.

***

Ma grand-mère n'a pas eu le privilège de pouvoir entamer cette guérison et de pouvoir se sentir en sécurité quelque part. Elle est décédée sans avoir pu s'être réparée et reposée.

Tout ce que toute personne mérite au cours de son existence.

J'espère que de là où elle est ... elle est en sécurité.

Mon devoir, que je prends très au sérieux désormais, c'est de prendre soin de moi autant que je peux et l'honorer pour ne plus retomber dans MANIA !

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