Pragma (Cycle de l’Amour) …

NDLR : Cet article avait été rédigé à l’origine sous le titre AMOUR, BIENVEILLANCE & SECURITE EMOTIONNELLE le 16 janvier 2020.

J’ai décidé de l’inclure dans mon Cycle de l’Amour sous le titre Pragma.

"Plus je vieillis et plus je trouve que l'on ne peut vivre qu'avec les êtres qui vous libèrent et vous aiment d'une affection aussi légère qu'à porter que forte à approuver.

La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime.

À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement.

Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie.

Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours."

Albert CAMUS à René CHAR

J'ai relu cet extrait de lettre d'Albert CAMUS à René CHAR plusieurs fois ces dernières semaines.

Plusieurs fois, pour qu'à mesure de le lire, il est devenu vrai et que j'en ressente la véritable teneur.

Depuis des années, c'est ce que je recherche dans toutes mes relations avec les autres.

Je suis bien consciente c’est compliqué de trouver cette plénitude, cette légèreté, cette liberté car nous êtres humain.e.s sommes sujet.t.e.s à toutes sortes de variations provenant de nos relations, de notre passé, de notre enfance, de nos traumas et de nos vies quotidiennes qui ne nous épargnent pas et qui peuvent être des entraves.

Pour autant, je rêve de ce bonheur, de cette liberté et de cette aventure dans lesquels toutes les personnes qui s'y engagent le font pleinement et moi la première.

L'AMOUR, l'AFFECTION, l’AMITIE symbolisent la liberté d'être soi.

Si, je ne peux pas être authentiquement moi avec les personnes que j'aime ou qui disent m'aimer alors je ne suis sûrement pas dans une relation d'Amour.

Je conçois que l'Amour c'est faire un pas vers l'autre, aller à sa RENCONTRE dans ses plus beaux atours, mais aussi dans ses plus mauvais attraits.

C’est parfois mal le.la comprendre, mais pour autant toujours se mettre en disposition d'écouter et lui donner l'opportunité de s'exprimer et de l'entendre.

Avec les traumas traversés dans mon passé et le travail thérapeutique que je suis, j’ai appris à refuser toutes connexions ou toutes relations où pourrait régner le contrôle, la manipulation, la minimisation de mon vécu, la négation de mon expérience, la condescendance et la violence qu'elle soit économique, physique, sexuelle et/ou psychologique.

Force est de constater que même en ne voulant plus m'engager dans ce type de relations, elles venaient tout de même à moi.

Ce qui a pour effet de provoquer des drames et certaines fois la rechute vers la dépression.

Aujourd'hui, je m’emploie à faire tout mon possible pour me responsabiliser.

Je reconnais être l'auteure de ces mécanismes et de reproduire certains patterns destructeurs.

La répétition de ces schémas indiquent que j’ai encore des notions à comprendre et que je dois encore travailler sur ce qui m’attire chez les partenaires non disponibles, by the way ça sonne mieux en anglais : unvailable partner.

Malgré ma carapace et mes mécanismes de défense que je pense être suffisamment performants pour me protéger, je retombe vers le même type de relations où j’endosse le costume de "victime", de la personne “needy” ou qui n’est pas assez “indépendante”.

Au moment où j’ai écrit cet article il y a exactement deux ans, je lisais le livre écrit par Bessel Van Der Kolk "Le corps n'oublie rien".

C’est au travers de cette lecture que j'ai vraiment saisi ce que peuvent faire les traumas au cerveau des personnes qui ont été traumatisées et comment les schémas de protection et de construction peuvent être des entraves au bien-être.

Quand je parle de traumatismes, je ne fais pas de distinctions sur leur nature.

Je sais que je ne suis pas la seule personne sur Terre a avoir vécu des traumas.

Je suis, pour autant, une personne unique qui fonctionne en fonction de cela.

Je reconnais que chaque personne héritent de blessures qui le plus souvent viennent de l'enfance et/ou de nos relations avec nos parents.

Mais aussi, des blessures nées à la suite d'une agression, ou d'un événement traumatique comme : un accident, un attentat, une guerre, un exil, un.des deuil.s) ...

Je reconnais également que nous sommes tout.e.s égaux et égales face à la douleur que peuvent provoquer en nous ces expériences.

Elles ne peuvent guérir qu'en étant dites, qu'en étant accueillies par des personnes bienveillantes et aimantes et qui peuvent entendre sans pour autant avoir à intervenir et bénéficier d’un parcours thérapeutique.

Sans la compassion, l'accompagnement, l'acceptation et la bienveillance les traumas persistent et ressuscitent dans nos vies actuelles même si ils se sont déroulés des années auparavant.

***

J'ai longtemps été en quête d'Amour et je le suis toujours.

Je pense que c’est sûrement parce que je n’en ai pas reçu comme je l’aurais voulu enfant.

Autant il y a des personnes qui ferment la porte à l’Amour, moi je choisis de lui laisser la chance de me traverser et le vivre.

Je suis intimement convaincue que même si l’Amour n’est pas une finalité … il permet d’apaiser ce que nous sommes, affronter les difficultés de la vie, adoucir le futur et partager des idéaux.

Ce que j’apprends c’est que très souvent les personnes sont concentrées à trouver des partenaires qui partagent des intérêts communs et non des valeurs.

Ce qui est très différent.

Les centres d’intérêts représentent les choses que l’on aime qui au fil du temps peuvent changer, tandis que les valeurs sont les choses qui nous définissent profondément qui restent en place et qui, même si notre vie change, restent fondamentalement les mêmes.

Les centres d’intérêts sont importants mais si les valeurs profondes ne sont pas partagées cela devient plus complexe.

Très souvent les personnes s’attachent dans la recherche du meilleur.e partenaire à des qualités physiques, sociales, d’origine, géographique mais ne cherchent pas à savoir si elles partagent les mêmes valeurs.

Quant on cherche à savoir si on partage les mêmes valeurs que l’autre c’est forcément s’engager dans des conversations qui peuvent être clivantes… conversations que certaines personnes semblent vouloir éviter !

Parce qu’on a devant soi une personne qu’on désire, que l’on veut connaître et ce désir là est plus fort que la recherche d’idéaux partagés.

Chacun.e remet son masque … jusqu’au jour où il tombe.

C’est pourquoi, durant cette quête, il m'est arrivé de me tromper, de me faire du mal et de commettre des erreurs.

Trop souvent, comme nous sommes des êtres sociaux et conditionné.e.s, nous nous lançons dans les relations avec nos biais de confirmation, nos projections, nos attentes, nos habitudes mais aussi les conventions, le statut social et familial qui priment et non la sécurité émotionnelle et celle de l’autre.

On s'oublie, on se trahit ...

J’aime à croire, qu’en finalité, notre esprit est plus fort que les décisions que nous pensons prendre.

Notre esprit est notre protecteur et nous envoie parfois des warnings (triggers) dont je parlais dans un précédent article pour nous rappeler que peut-être nous n'empruntons pas le bon chemin.

C'est là que notre pouvoir décisionnaire intervient et c’est aussi à ce moment que l'on choisit.

On choisit la vie que l'on mène.

On choisit le chemin de l'Amour, de l'Acceptation, l'Empathie et de la Compassion.

Tout autant qu’on choisit de se taire et de se mentir à soi.

On choisit la Souffrance.

On choisit la Violence.

Ces dynamiques et j'en suis désormais persuadée conduisent parfois à des violences, à des désillusions pouvant aller jusqu'à la dépression, à l'usage de drogues et à la trahison de soi-même et de l'autre.

Ces derniers mois, j'ai compris qu'au-delà d'aller à la rencontre de l'autre c'est avant tout et d'abord une rencontre avec soi.

Une rencontre de mes propres attentes, de mes propres aspirations, de mes propres fantasmes, de mes propres désirs et de mes propres projets.

***

Et il arrive que l’on rencontre l'autre qui est notre ami.e ou notre amant.e qui nous accompagne, nous soutient, nous écoute sur ce chemin qu'est l'amour et la bienveillance.

En prenant mon dictionnaire, j'ai cherché la définition des mots compagne et compagnon et j'ai trouvé cette définition qui me plait énormément : un compagnon/une compagne désigne les personnes qui partagent une même activité, un même intérêt et un même idéal !

Quand j'ai lu cette définition, je me suis rassurée et je me suis dit qu'au fond de moi je suis en accord avec moi-même et que c'est ce que je recherche en l'autre ... pas pour que nous soyons identiques, mais pour que nous nous complétions en personne chacune déjà totalement complète.

C'est le 1 + 1 = 3 et non 1 + 1 = 1 !

L'amour c'est indéniablement la liberté.

Et non la peur de perdre cette liberté qui devrait pouvoir se réinventer.

Si je ne peux pas être MOI dans les relations que j'entretiens avec les autres, je ne suis pas en mesure d'exprimer qui je suis et notamment mon identité, ma nature, ma liberté et ma vulnérabilité !

Si je ne me respecte pas .... comment puis-je respecter l'autre ?

C'est à peu près là que la sécurité émotionnelle rentre en compte !

SÉCURITÉ ÉMOTIONNELLE :

La sécurité émotionnelle est nécessaire pour entretenir des relations saines.

Parfois naïvement on se demande comment et pourquoi certaines relations durent.

De récentes recherches en neurobiologie menées notamment par Stephen PORGES ont démontré que la sécurité émotionnelle est un aspect important de la satisfaction dans les relations qu’elles soient affectives, sentimentales ou amicales.

Il a été prouvé que plus on se sent en sécurité dans une relation plus on s’y épanouit (logique).

Quand le corps et l’esprit expérimentent la sécurité les individus sont plus enclin.e.s à collaborer, écouter et à être empathique.

Au contraire, lorsque l’on se sent en danger on cherche à se protéger de l’autre, à prévenir ses attaques et donc de se mettre à produire tout un tas de comportements nocifs et aller vers une relation aux dynamiques inégales pour l'un.e comme pour l'autre des partenaires.

Comment créer un lieu sûr et sécurisé dans nos relations ?

- communiquer ;

- pratiquer l’acceptation de l’autre ;

- apprendre et s’enrichir des différences de l’autre ;

- accepter de ne pas être toujours d’accord ;

- pratiquer l’écoute ;

- se rendre disponible et exprimer quand on ne l’est pas ;

- éviter de repousser les discussions difficiles ;

- exprimer l’Amour dans les formes qui nous correspondent le mieux ;

- s’investir dans ce qui fonctionne le mieux pour LA relation ;

- prendre soin de soi (activités personnelles, sport, bien-être mental ...).

Rien ne va de soi …

Aussi, plus on se sent safe, plus on peut être vulnérable et authentique.

Plus l'autre nous voit tel.l.e que l'on est vraiment.

Se sentir en danger dans une relation mène à avoir des comportements qui peuvent venir entacher la confiance, à de l’auto-sabotage, dissimuler certains faits ou traits de sa personnalité et au sein des couples la vie sexuelle et l'intimité peuvent en être affectées.

La sécurité émotionnelle nous donne envie d’aller vers l’autre, de partager ses idées et ressentir de la compassion et de l’empathie.

Plus nous comprenons que notre corps et notre esprit jouent un rôle actif dans nos relations plus nous sommes disposé.e.s à les faire collaborer POUR NOUS, non contre nous et donc contre l'autre !

***

Comme le disait James BALDWIN " L'amour ne commence ni ne finit comme nous le croyons. L'amour est une bataille, l'amour est une guerre, l'amour grandit."

Pour vouloir et vivre l'amour, il est nécessaire de le vouloir et d'accepter qu'il demande un engagement (tricky et énergivore).

L'Amour c'est accepter d’être accompagné.e d'une personne qui nous permet d'être tel.l.e que l’on est et pas une autre personne.

L'Amour s'entretient et d’autant plus dans les moments difficiles et pendant les épreuves.

L’Amour c’est pratiquer la Liberté.

Savoir qui on est en dehors de toutes distractions.

Cela sous-entend de se connaitre, connaitre son "propre bruit intérieur" et cultiver son soi.

L’Amour c’est la possibilité de pouvoir se montrer vulnérable afin que l’autre nous voit.

L'Amour c'est accepter que l'on peut avoir des visions différentes pour l'atteindre POURVU qu'un dialogue sain et équilibré puisse être possible et dénué de dynamiques de chantage affectif, de rétention, de mensonges, de menaces et de violences.

bell hooks qui est décédée fin 2021 disait : “Genuine love is rarely an emotional space where needs are instantly gratified. To know love we have to invest time and commitment. Dreaming that love will save us, solve all our problems or provide a steady state of bliss or security only keeps us stuck in wishful fantasy, undermining the real power of the love -- which is to transform us.' Many people want love to function like a drug, giving them an immediate and sustained high. They want to do nothing, just passively receive the good feeling”.

Je crois bien que j'ai de nouveau rendez-vous avec l'AMOUR !

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